Anne Parillaud
Anne Parillaud : « Les Abusés » Robert Laffont
Le premier roman, punch et choc, d’Anne Parillaud.
« C’est une petite avec des habits de grande. Une enfant à qui on ne demande pas son avis et qui obéit par peur d’être sanctionnée ou mal-aimée.
Sous les regards violés de tendresse, elle est devenue cette chose que l’on prend. Une fleur en pot, un corps inanimé, désincarné, mort presque. Un corps que seul l’ivresse amoureuse peut raviver. De quoi est faite cette espèce d’amour qui l’obsède ? Quel est cet empire qui s’exerce sur sa personne, la soulève vers des êtres indignes qui abuseront d’elles ? »
Elle n’est pas digne d’être aimée, elle mérite d’être abusée. C’est le seul vertige d’amour qu’elle peut appréhender. Elle est atteinte du syndrome de Stockholm sans le savoir. Elle ressent de l’attachement pour son bourreau, le considère comme son protecteur, renonce à son identité, s’isole, ne parvient plus à discerner la véracité du monde qui l’entoure.
Ce premier roman d’Anne Parillaud plonge dans les émotions extrêmes, avec l’ambition de démonter la mécanique psychique d’un pervers narcissique et de celle qui en a besoin. Quand la manipulation et la cruauté s’imposent dans une relation amoureuse, ne reste plus qu’à décortiquer le terreau fertile des peurs et des traumatismes, afin d’en trouver la clef.
Pourquoi devient-on victime ? Comment devient-on bourreau ? Peut-on se sauver d’une relation toxique ? D’abord comprendre que les bourreaux sont des personnes blessées, dont il nous faut reconnaître l’humanité si nous voulons qu’ils changent, ensuite admettre que les victimes peuvent résilier contre toute morale. Anne Parillaud défend le point de vue d’un état de dépendance mutuelle et d’une responsabilité partagée. Pour exister, la victime a besoin d’un bourreau et le bourreau d’une victime. Fragile équilibre construit sur un éternel déséquilibre.
Copyright Sylvie Lancrenon